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Qui se fane blessée au frisson de mon aile-,
Et même devant vous j’attriste, en l’écoutant,
L’angélique concert autour de nous flottant.


LE CHRIST.


Toi, le dernier enfant que m’envoya la terre !
De mes plus doux trésors tu fus dépositaire.
Tu le sais, jeune sainte, et toute ma faveur,
Tu la payas de l’or si pur de ta ferveur ;
Et tu tendis les mains vers la palme promise :
Tu ne peux la porter après l’avoir conquise !
Entre toutes tes sœurs je vins te couronner ;
Tu savais obéir, tu ne sais pas régner !
Et ton front, sous les feux dont mon amour l’inonde,
Jusque dans ses rayons porte le deuil du monde.
Ta langueur à mes pieds ne peut se ranimer
Faut-il changer les cieux pour te les faire aimer ?
Devais-tu, mon enfant, pleurer dans la lumière,
Au service de Dieu toi jadis la première ?
Toi que l’Arar gardait sous ces rocs orageux,
Avec l’arche cachée à son sommet neigeux,
Quand d’un terrestre amour tu rejetais l’entrave ;
Quand ton âme était reine en sa robe d’esclave.
Toi qui fis du tombeau l’autel de la pudeur !
Qui me livras tes jours, comme un lys dont l’odeur
Se mêlait chastement à tes autres offrandes ;
Toi, dont l’heure suprême eut des ailes si grandes,
Sémida ! qu’on la vit d’un seul vol te jeter
Aussi près du Seigneur qu’un élu peut monter :
Emportant avec toi, céleste conquérante,
Les dernières vertus de la terre expirante.