Ainsi nous voyons des puissances économiques se mêler d’une manière étroite à la puissance politique et finalement le capitalisme se perfectionner à ce point qu’il n’ait plus besoin de faire un appel direct à la force publique, sauf dans des cas très exceptionnels. « Dans le cours ordinaire des choses, le travailleur peut être abandonné à l’action des lois naturelles de la société, c’est-à-dire à la dépendance du capital, engendrée, garantie et perpétuée par le mécanisme même de la production[1]. »
Lorsqu’on est parvenu au dernier terme historique, l’action de volontés distinctes disparaît et l’ensemble de la société ressemble à un corps organisé, fonctionnant tout seul ; les observateurs peuvent alors fonder une science économique qui leur paraît aussi exacte que les sciences de la nature physique. L’erreur de beaucoup d’économistes a consisté à ne pas voir que ce régime, qui leur semblait naturel ou primitif[2], est le résultat d’une série de transformations qui auraient pu ne pas se produire et dont la combinaison reste toujours fort instable,
- ↑ Capital, tome I. p. 327, col. 1.
- ↑ Naturel, au sens marxiste, est ce qui ressemble à un mouvement physique, ce qui s'oppose à la création d'une volonté intelligente; — pour les déistes du xviiie siècle, naturel était ce qui avait été créé par Dieu et était à la fois primitif et excellent; c'est encore le point de vue de G. de Molinari.
agent économique. Fourier appelle puissancielles les progressions géométriques (Nouveau monde industriel et sociétaire, p. 376). Marx a évidemment employé le mot Potenz dans le sens de multiplicateur ; Cf. dans le Capital, p. 176, col. 1. le terme : travail puissancié pour travail d'une productivité multipliée.