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cherchais est venu à moi… J'ai posé les principes et j’ai vu les cas particuliers s’y plier comme d’eux-mêmes, » Arrêtons-nous à ces principes : ils donnent la clef de l’œuvre.

« Plusieurs choses gouvernent les hommes : le climat, la religion, les lois, les maximes du gouvernement, les exemples des choses passées, les mœurs, les manières ; d’où il se forme un esprit général qui en résulte. » Ces éléments qui composent toute société humaine, cet esprit général qui l’anime sont connexes et solidaires. Ce n’est point l’agrégation fortuite de matériaux inanimés ; c’est un organisme vivant. Les lois sont comme les nerfs de ce corps social ; il faut qu’elles s’approprient à la nature des organes qu’elles animent, et à la fonction de ces organes. Elles dépendent de certains éléments que l’homme ne peut changer, et d’autres éléments qu’il ne change qu’avec beaucoup d’efforts et très lentement.

« Elles doivent être relatives au physique du pays, au climat glacé, brûlant ou tempéré ; à la qualité du terrain, à sa situation, à sa grandeur ; au genre de vie des peuples ; … elles doivent se rapporter au degré de liberté que la constitution peut souffrir ; à la religion des habitants, à leurs inclinations, à leurs richesses, à leur nombre, à leur commerce, à leurs mœurs, à leurs manières. Enfin elles ont des rapports entre elles, elles en ont avec leur origine, avec l’objet du législateur, avec l'ordre des choses sur lesquelles elles sont établies. C’est dans toutes ces