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4 AVANT-PROPOS surdités et de contresens(1), constitue un des chefs-d’œuvre de cette science que les politiciens italiens nomment : science positive. L’auteur a été si content de son exposé du marxisme qu’il a éprouvé, quelques années plus tard, le besoin de se vanter d’avoir trouvé tout seul ces belles choses, alors que l’on ne connaissait pas encore les lettres dans lesquelles Engels donnait du matérialisme historique une interprétation plus large que celle qu’on lui avait longtemps donnée (2). Je ne voudrais pas avoir l’air de comparer Enrico Ferri et Antonio Labriola ; mais il ne me semble pas que ce dernier soit cependant parvenu à extraire de l’œuvre de Marx des règles capables de diriger les historiens. Il a pu seulement donner une idée générale des conceptions marxistes, en combinant quelques paraphrases de la préface de 1859 avec quelques indications tirées d’autres écrits. A l’époque où il publiait ses Essais sur la conception matérialiste de l’histoire, on n’avait pas encore observé qu’il faut prendre de grandes précautions quand il s’agit de rapprocher des thèses éparses de Marx : suivant les (1) Il est quelque peu absurde de dire que la vie individuelle est déterminée par les causes qui sont énoncées ici et qui ne sont nullement individuelles. Lorsque Marx a eu k parler de l’économie comme d’une base sur laquelle reposent les idéologies, il a employé des termes (Basis, Grundlage) propres à écarter l’idée que cette base fût active. (2) E. Ferri, Evolution économique et évolution sociale, p. 27. Conférence faite à Paris le 19 janvier 1900.