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ŒDIPE.

Bien ; et pour le reste, que devrai-je faire encore ?

LE CHŒUR.

Répandre les libations, en te tournant vers l’orient.

ŒDIPE.

Les verserai-je des coupes dont tu m’as parlé ?

LE CHŒUR.

Tu feras trois effusions de chacune, et tu verseras entièrement la dernière.

ŒDIPE.

Et de quoi la remplirai-je ? apprends-le-moi aussi.

LE CHŒUR.

D’eau et de miel, sans y ajouter de vin.

ŒDIPE.

Et quand la terre aux épais ombrages aura reçu ces libations ?

LE CHŒUR.

Offre des deux mains[1] trois fois neuf branches d’olivier, et prononce ces prières.

ŒDIPE.

Je désire les entendre, car il m’importe de les savoir.

LE CHŒUR.

Nous les appelons Euménides[2] ; prie-les toi-même d’accueillir avec bienveillance le suppliant qui doit être le sauveur de ce pays, ou qu’un autre les invoque pour toi, à voix basse et en peu de mots[3] ; retire-toi ensuite, sans détourner la tête. Ces cérémonies accomplies, je m’approcherai de toi avec confiance ; autrement j’aurais à craindre ton abord.

ŒDIPE.

Entendez-vous, mes filles, ces étrangers, habitants du pays ?

  1. C’est-à-dire, à droite et à gauche.
  2. On sait combien les anciens craignaient de donner à leurs dieux des noms qui pussent les offenser. Les Furies étaient appelées Euménides, c’est-à-dire déesses bienveillantes.
  3. Déjà le Chœur a dit (v. 131) qu’il les invoque seulement ὰφώνως, en silence.