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CRÉON.

C’est assez verser de pleurs ; rentre dans le palais.

ŒDIPE.

Il faut obéir, quoiqu’à regret.

CRÉON.

L’à-propos fait le mérite des choses.

ŒDIPE.

Sais-tu à quelle condition j’y vais ?

CRÉON.

Dis-le-moi, pour que je le sache.

ŒDIPE.

C’est que tu me chasses loin de cette terre.

CRÉON.

Tu me demandes ce qui dépend du dieu.

ŒDIPE.

Mais je suis l’objet de la haine des dieux.

CRÉON.

Ainsi tes vœux seront bientôt remplis.

ŒDIPE.

Dis-tu vrai ?

CRÉON.

Je ne dis point ce que je ne pense pas.

ŒDIPE.

Eh bien ! emmène-moi d’ici.

CRÉON.

Viens donc, mais quitte ces jeunes filles.

ŒDIPE.

Ah ! ne me les arrache pas.

CRÉON.

Ne demande pas à satisfaire tous tes désirs ; tes succès ont peu profité à ton bonheur.

LE CHŒUR.

Voyez, Thébains, cet Œdipe qui expliqua les énigmes du sphinx, et qui, devenu puissant, n’a jamais regardé[1]

  1. J’ai adopté le sens de Coray, traduction de Théophraste, ch. 16. Euripide a presque copié ces vers à la fin des Phéniciennes.