Notre père, je le sais, pardonne notre conduite[1].
Un pareil langage est fait pour plaire à des lâches.
Ne veux-tu donc pas me croire et écouter mes avis ?
Non certes ; je ne suis pas encore si vide de sens.
Je vais donc aller où l’on m’a envoyée.
Où vas-tu donc ? à qui portes-tu ces offrandes funèbres ?
Ma mère m’envoie répandre des libations sur le tombeau de mon père.
Qu’as-tu dit ? Au mortel qu’elle hait le plus ?
A celui qu’elle a tué elle-même, car c’est là ce que tu veux dire.
Quel ami l’y a engagée ? de qui vient cette pensée ?
D’une terreur nocturne, autant que je puis le croire.
Dieux de mes pères ! maintenant, du moins, venez à mon aide !
Cette frayeur éveille donc tes espérances ?
Si tu me racontais cette vision, je pourrais te le dire alors.
- ↑ Ismène tient à peu près le même langage dans Antigone, v. 65 et suivants.