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CHRYSOTHÉMIS.

Notre père, je le sais, pardonne notre conduite[1].

ÉLECTRE.

Un pareil langage est fait pour plaire à des lâches.

CHRYSOTHÉMIS.

Ne veux-tu donc pas me croire et écouter mes avis ?

ÉLECTRE.

Non certes ; je ne suis pas encore si vide de sens.

CHRYSOTHÉMIS.

Je vais donc aller où l’on m’a envoyée.

ÉLECTRE.

Où vas-tu donc ? à qui portes-tu ces offrandes funèbres ?

CHRYSOTHÉMIS.

Ma mère m’envoie répandre des libations sur le tombeau de mon père.

ÉLECTRE.

Qu’as-tu dit ? Au mortel qu’elle hait le plus ?

CHRYSOTHÉMIS.

A celui qu’elle a tué elle-même, car c’est là ce que tu veux dire.

ÉLECTRE.

Quel ami l’y a engagée ? de qui vient cette pensée ?

CHRYSOTHÉMIS.

D’une terreur nocturne, autant que je puis le croire.

ÉLECTRE.

Dieux de mes pères ! maintenant, du moins, venez à mon aide !

CHRYSOTHÉMIS.

Cette frayeur éveille donc tes espérances ?

ÉLECTRE.

Si tu me racontais cette vision, je pourrais te le dire alors.

  1. Ismène tient à peu près le même langage dans Antigone, v. 65 et suivants.