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bientôt de Dieu, de la religion et du plan providentiel.

La volonté de Dieu, c’est bien le moindre souci de l’Homme Politique. Il n’admet pas qu’elle ait rien à voir dans notre conduite ni surtout dans la guerre. D’après le Prince disciple de Tolstoï, Dieu interdit absolument de tuer ou de frapper, dans aucun cas. Mais le vieux Général, qui écoute sa conscience comme la voix de Dieu, déclare que la joie la plus vive et la plus pure qu’il ait jamais ressentie lui fut donnée certain jour de bataille où, dans l’espace d’un quart d’heure, il a fait périr plus d’un millier d’hommes. La Dame se récrie. En style mouvementé, le Général raconte comment, à la tête de ses dragons et de ses cosaques, soutenus par quelques pièces d’artillerie, il a décimé de grosses bandes de bachi-bouzouques qui torturaient la population d’un village arménien.

Obstiné dans son absurde théorie, le Prince prétend qu’un homme rempli du véritable esprit évangélique aurait (il ne dit pas comment) entrepris d’éveiller les bons instincts dans l’âme des bachi-bouzouques.

Question inattendue, faite par Soloviev : — Pensez-vous que le Christ fût suffisamment péné-