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geait un faux et dérisoire christianisme sans Église et sans foi, où la divinité du Christ était grossièrement méconnue. C’était l’heure aussi de l’engouement pour les extravagances forcenées de Nietzsche, pour l’idée du surhomme, rival et vainqueur de Dieu. On s’occupait beaucoup de tout cela, non seulement dans les milieux universitaires et académiques, mais aussi dans les salons. Puisque la conversation devenait plus que jamais un moyen d’enseignement et de propagande, Soloviev pouvait bien, lui aussi, se servir de cette forme pour traiter les plus hautes questions. De Platon à Joseph de Maistre, le dialogue a bien souvent remué la matière philosophique et religieuse. Peut-être la traduction des œuvres de Platon, traduction que le philosophe russe venait de terminer, fut-elle pour quelque chose dans le choix qu’il fit du procédé à employer. Mais le ton et la manière rappellent aussi les Soirées de Saint-Pétersbourg, où l’élégance littéraire a une si belle allure aisée, dégagée, naturelle ; où souvent un mot d’esprit, un trait badin, traversent la plus grave dissertation ; et où le mystère du sang guerrier remplit certain chapitre fameux.

Dans les Trois Entretiens apparaissent très