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les Albigeois. Tout le monde connaît la parole attribuée au légat du Pape : « Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens. » Or, la parole atroce et fameuse n’a été rapportée par personne qui l’ait entendue ni même par aucun écrivain contemporain digne de créance. Elle n’apparut que soixante ans plus tard, sous la plume d’un Allemand, Césaire de Heisterbach, qui n’avait ni probité ni culture historique et qui ne racontait que des commérages. Comme beaucoup d’autres analogues, le mensonger récit de Heisterbach a été cru pendant des siècles. Mais aujourd’hui les vrais historiens, même libres penseurs, le dédaignent et le repoussent. Soloviev eut l’occasion de s’en apercevoir, lui qui continuait d’étudier lorsqu’il était reconnu pour un maître. Dans l’ensemble de ses derniers travaux, sa science historique, comme sa philosophie et sa théologie, est de plus en plus impartiale et sereine. On peut, sans faire tort à Soloviev, se souvenir des erreurs où il tomba. Elles ne sont pas nombreuses ; et il savait, si humblement, si aisément, les avouer et s’en corriger !

Outre l’humilité et la droiture, admirables chez lui, il était aidé à se rectifier par la doctrine