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quelquefois. Je trouve ce mouvement non seulement très désirable en lui-même, mais encore très tempestif, au moment où certaine partie de Right Reverends commence à jeter des œillades du côté Nord-Est ; ces œillades platoniquement adultérines ne peuvent avoir qu’un seul résultat, celui d’embêter les bons et d’encourager les méchants ; mais grâce au mouvement anglo-romain, ce triste effet sera quasi manqué[1].

Vous savez que, selon mon avis, tant que la Chrétienté orientale est dans l’état où elle est, tout succès extérieur pour elle ne peut être qu’un malheur pour la cause du Christianisme universel et, partant, pour les vrais intérêts de tout pays chrétien, la Russie et la

  1. Il s’agit de deux mouvements d’union religieuse qui se produisaient alors (1894-1898) au sein de l’Église anglicane. Le premier, personnifié par le noble lord Halifax, comportait l’union avec la Papauté. Et Soloviev s’en réjouissait. – Le second, entre des prélats anglicans et des prélats russes, se dessinait en dehors de Rome. Et Soloviev lui était hostile.
    Coïncidence curieuse : au moment où je corrige cette épreuve, le Correspondant (livraison du 25 août 1916), publie un article anonyme intitulé : L’intercommunion entre l’Église Anglicane et l’Église Orthodoxe russe. C’est un historique des diverses tentatives qui furent faites pour amener l’union religieuse des Anglicans et des Gréco-Russcs. Il y en eut sous Pierre le Grand et même plus tôt. Celle à laquelle Soloviev faisait allusion et qu’il réprouvait avait probablement été préparée par la Eastern Church Association (Association de l’Église d’Orient) ; mais ce groupe s’était dissous. Certains de ses éléments furent plus tard absorbés par une nouvelle association dénommée The anglican and Eastern Orthodox Church Association (Union des Églises Anglicane et Orthodoxe orientale), puis The Anglican and Eastern Association. En 1912, plusieurs membres importants de cette société se sont rendus à Petrograd pour y délibérer avec des membres d’une association russe, sur un programme d’union religieuse.