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il s’imposait dans le langage une certaine retenue, tandis que les deux autres écrivains, Aksakov surtout, s’exprimaient ordinairement avec colère. Mais, je le répète, l’argumentation de Soloviev était celle qui allait au fond des choses ; car elle employait la philosophie et la théologie. Qu’on me permette de dire encore une fois, mais en trois lignes, que les discussions auxquelles il prenait part agitaient beaucoup les différentes catégories de lecteurs cultivés. Le grand philosophe avait le don de mettre les esprits en mouvement. D’ailleurs, la question qui se discutait était de celles devant lesquelles la conscience et l’intelligence russes ne pouvaient rester indifférentes.

L’émotion s’augmenta encore lorsque Soloviev exposa son plan complet de réforme de l’Église.

Alors, il ne s’agissait plus seulement des rapports entre l’autorité religieuse et l’autorité civile de la Russie, mais des rapports de l’Église russe avec le monde religieux occidental et avec l’Église catholique romaine.

C’était une conséquence de la thèse soutenue par Soloviev en faveur de l’indépendance de l’Église vis-à-vis de l’État.