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aujourd’hui avec tant d’excès par la France, doit être bienfaisant pour la Russie, qui en est si dépourvue. En revanche, le peuple ami vous fera partager son amour de la solidarité, qui, chez lui, est purement la fraternité chrétienne. »

Espérer unir les efforts de la France et de la Russie dans une propagande et dans une action religieuses, n’est-ce pas un rêve contredit par la réalité présente et par les prévisions prochaines ? Pour écarter cette crainte, il suffit d’examiner de près le caractère des grands mouvements qui se dessinent à notre époque. On se trompe en considérant comme révolutionnaires, en elles-mêmes, certaines idées ou certaines réformes soutenues par des hommes qui ne professent pas notre foi, ou bien qui la combattent sans la connaître. Plus d’une œuvre accomplie en apparence au nom de la vraie religion n’était pas chrétienne. En revanche, il y a un christianisme latent qui agit par des voies détournées. Il emploie à son avantage les instruments mêmes qui sont dirigés contre lui. C’est d’ailleurs l’un des principes qui éclairent l’activité universelle. Nous le savons par l’Évangile et nous le constatons dans l’histoire : ces forces innombrables qui se sont dépensées, qui cherchent