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Cette théorie, que les seuls esprits légers peuvent trouver paradoxale, est absolument d’accord avec les phénomènes les plus simples et les plus fréquents. On ne voit pas s’associer des êtres rigoureusement pareils l’un à l’autre. La vigueur et la faiblesse, la douceur et l’énergie sont faites pour s’allier. La force en mouvement cherche la force en repos.

Soloviev montrait la France, qu’il appelait le verbe de l’humanité, toujours portée à répandre les idées engendrées par elle ou reçues du dehors. En regard de cette activité, il signalait la Russie, restée en quelque sorte passive et comme enfermée dans son immense domaine : « La France, qui dépense sans mesure son ardeur, ne ressemble-t-elle pas à un moteur qui est sur le point de fonctionner à vide ? Au contraire, la Russie est riche des croyances qui se sont conservées comme un capital accru par les siècles. Elle attend l’impulsion qui déterminera un mouvement général et qui portera partout la chaleur et la vie. »

Il n’est pas jusqu’à la différence de leur état politique actuel où Soloviev ne trouve un argument et une facilité pour le rapprochement des deux nations : « L’esprit d’individualisme, personnifié