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alors sous le nom de nationalisme ou de slavophilisme et qui jugeait avec mépris l’Europe occidentale. Soloviev accusait les nationalistes et les slavophiles de se laisser aller à une espèce d’idolâtrie de soi-même. Il leur reprochait de vouloir faire de la Russie une nation à part, supérieure et indépendante, n’ayant aucun devoir envers les autres, comme si elle avait accaparé et absorbé la totalité de l’esprit chrétien ; et comme s’il n’y avait plus qu’elle de chrétien, sur la terre. Ces excès et ces aveuglements de patriotisme, Soloviev les a souvent signalés et répudiés, soit dans des discours, soit dans des articles de revue, soit dans des livres.

J’ai (en commençant) cité des passages de la conférence l’Idée russe, où Soloviev expose que toutes les patries ont chacune un devoir propre : remplir la mission qui leur est assignée dans « le plan de Dieu ». Cette mission il l’a, de la même manière, définie dans plusieurs de ses ouvrages.

Il l’a même exposée de nouveau chez nous, lors de son dernier séjour à Paris, en 1893. C’était l’heure où se produisaient les manifestations qui préparaient l’alliance franco-russe. Cette année-là (16 décembre), Soloviev fit au