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Enfin, sa propagande pour l’union des Églises et pour la reconnaissance de la suprématie du Pape scandalisait les « orthodoxes » comme les libres penseurs. Le triple antagonisme fut persistant et eut des phases très agitées.

J’ai indiqué plus haut, dans la première partie, comment le hardi chrétien se trouva souvent en lutte avec une foule de croyants, fidèles défenseurs de la Russie chrétienne. Entre eux et lui existaient trois sujets de désaccord : – l° les excès du nationalisme (du moins de ce qui s’appelait ainsi) ; – 2° le régime politique de l’Église russe ; – 3° l’isolement et l’hostilité de cette Église par rapport à l’Église romaine.

Résumons les longs débats sur le nationalisme Aux nationalistes (ou slavophiles) Soloviev reprochait un amour égoïste et aveugle pour leur patrie terrestre. Cette patrie, il l’aimait profondément, passionnément ; il la souhaitait forte et glorieuse ; d’ailleurs, tout en ayant puisé beaucoup de choses dans la culture occidentale, il était, par ses habitudes et par ses goûts, demeuré très Russe, tel que l’avaient fait son tempérament et son origine. Mais il n’admettait pas le genre de patriotisme qui régnait