Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

N’est-ce pas très simple ? Bien des lecteurs seraient disposés à juger que c’est trop simple ; mais je les prie d’admettre deux remarques. D’abord, le programme que je résume d’une manière si banale et si pauvre, Soloviev l’a exposé avec une ampleur, une élévation et une pénétration extraordinaires. Puis, le même programme l’a conduit à soutenir contre de nombreuses et très hautes personnalités russes une ardente polémique, qui, pendant vingt-cinq années, s’est renouvelée coup sur coup. Cette polémique faisait surgir une quantité de problèmes philosophiques, religieux, politiques. Bref, une conception en apparence toute simple a procuré au philosophe russe une éclatante destinée, d’autant plus originale qu’il a eu, tantôt contre lui, tantôt pour lui, les groupes les plus différents.

Demander que chaque chose fût mise à sa place, c’était affirmer que la religion doit être reconnue comme l’autorité supérieure. Par cela même, Soloviev irritait les savants, les philosophes, les économistes et, en général, les libres penseurs. Mais bientôt, il vit, ainsi que je l’ai noté, se dresser contre lui une foule de chrétiens zélés qui le trouvaient beaucoup trop philosophe.