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Soloviev se souvenait toujours de la vie réelle, individuelle ou sociale, on n’a pas lieu de s’étonner que sa philosophie proprement dite porte la marque de la même préoccupation. De bonne heure, il a publié une thèse intitulée Critique des principes abstraits. Dans cette œuvre, ce qu’il reproche surtout aux plus célèbres philosophes modernes, c’est d’avoir construit des théories faites pour se tenir en l’air et d’avoir traité l’homme comme si celui-ci n’était qu’une machine à raisonner. Soloviev ne niait pas la valeur des principes abstraits, mais il affirmait que ce sont surtout des instruments de travail, utiles pour étudier la réalité ; et qu’on doit avoir soin de ne pas les confondre entièrement avec la réalité absolue. Ne jamais perdre de vue l’homme tel qu’il est, c’est-à-dire un être faible, agité par des besoins et par des passions, soumis à des épreuves, obligé de lutter non seulement pour vivre ici-bas mais aussi pour se connaître et pour se conduire, pour accomplir sa destinée définitive, voilà ce que Soloviev a toujours recommandé.

Pour connaître sa nature et pour accomplir sa destinée, l’homme a besoin de la religion. Aussi Soloviev a-t-il toujours pris le plus grand