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avait prodigué toutes ses ressources et tous ses soins pour accomplir le travail qui lui était si cher. Là, vraiment, le grand penseur russe a employé tout son génie, toute son âme. Car ses plus ardentes aspirations avaient pour but le progrès de la morale théorique et pratique.

Une analyse de la Justification du Bien demanderait une longue étude. Je dois me borner ici à en indiquer les lignes principales. D’abord, l’auteur montre la nécessité, pour les hommes raisonnables, de chercher et de comprendre le sens de la vie qui leur a été donnée. La vie ne peut se dispenser d’être morale. La moralité, c’est le progrès continuel dans la voie du bien. Le bien, par essence, c’est Dieu, de qui dérivent tous les autres biens. Nous sommes assujettis à la matière, mais nous sommes aussi assujettis à la loi divine ; et notre moralité représente l’effort que nous déployons pour faire prédominer en nous le bien sur le mal. Ce bien que nous nous appliquons à conquérir et à nous incorporer nous est antérieur et supérieur. C’est le bien absolu, c’est Dieu. Le devoir nous est imposé par Dieu. (On voit tout de suite que la doctrine morale de Soloviev est en opposition radicale avec celle de Kant. Soloviev s’est, de plus en