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fondamental. Bref, l’éclectisme formait un assemblage souvent incohérent, toujours dépourvu de stabilité, de vie, de force génératrice. Soloviev avait l’esprit trop élevé et trop puissant pour se contenter d’une conciliation extérieure et incomplète. Il voulait non pas seulement concilier mais unifier. L’unification qu’il avait en vue n’était pas du tout une combinaison matérielle, étroite et sèche. Il voulait mettre les doctrines, les théories, les opinions, les aspirations en contact avec l’éternelle et universelle source de vérité, de lumière, d’activité et de vie ; c’est-à-dire : unifier pour vivifier.

Il a écrit des pages merveilleuses sur l’unité active et féconde, qu’il appelle l’unité plurale et qu’il emprunte au dogme de la trinité divine. Là s’épanouit l’étonnant accord que réalisaient en lui le mathématicien, le philosophe et le mystique. C’est pourquoi on a pris parfois Soloviev pour un élève de Pythagore ; d’autres fois, pour un adepte de la gnose (il avait en effet beaucoup pratiqué les gnostiques) ; ce qui n’a pas empêché qu’on le rangeât aussi parmi les disciples de Schelling. Il y avait en lui plus ou moins de cela… et d’autres choses encore. Surtout il y avait la foi chrétienne, foi intense, immense, approfondie,