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moins, pas d’intervalle ou d’abîme que ne puisse combler la loi de la vérité et du bien, c’est-à-dire, en un mot, le christianisme. Sans confusion et sans division, cette formule est très chère à Soloviev. Elle se rencontre souvent dans ses ouvrages, à propos de la foi comme à propos de la morale, de l’économie politique, des sciences naturelles ou d’autres sujets encore. Tout en respectant scrupuleusement les frontières de chaque catégorie de lois et de phénomènes, il veille à ce que rien ne reste détaché du principe par lequel il explique le monde. Le monde, il le définit et le résume d’après l’antique formule de la scolastique chrétienne c’est-à-dire la variété dans l’unité.

On a appelé Soloviev un « conciliateur ». Mais ce mot, insuffisant, est, au fond, très inexact. Soloviev a fait beaucoup plus et beaucoup mieux que ne firent autrefois les philosophes alexandrins et, au commencement du siècle dernier, les éclectiques qui suivaient la voie tracée par Victor Cousin. Dans l’éclectisme ancien ou moderne s’associaient des théories généralement contradictoires. Celles qui s’accordaient à peu près les unes avec les autres n’étaient pas liées entre elles par un même principe