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tout cela ; et voilà de quoi se compose la haute et forte originalité de son enseignement.

Ajoutons tout de suite que Soloviev, habitué à développer les plus larges vues d’ensemble, prend néanmoins un constant souci de distinguer les caractères et les limites de chacun des sujets qu’il groupe dans le même cadre. Par exemple, il place sous la loi du Christ le monde matériel et la vie physique, de même que l’intelligence, la consciente et la morale ; mais il traite ces différents sujets d’après la méthode qui convient pour chacun d’eux. Écoutez-le disserter sur les atomes ou sur la logique, sur l’art ou sur les passions, sur le dogme ou sur la mystique : vous croirez entendre successivement plusieurs spécialistes. Pourtant, c’est la même voix qui résonne ; c’est le même esprit qui enseigne tant de choses, sans rien confondre.

Sans rien confondre, certainement ; mais, certainement encore, sans rien diviser de tout ce qui doit rester uni. Car si Soloviev distingue toujours, toujours aussi, avec la même attention, il rappelle et met en lumière le principe supérieur par lequel sont rattachés les uns aux autres les domaines les plus opposés et, en apparence, les plus séparés. Pas de séparation radicale ; du