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morale ; et cette morale, édifiée sur une vaste doctrine métaphysique, est toute pénétrée, vivifiée, animée par l’esprit et par les principes de la foi chrétienne.

D’ordinaire, on ne considère pas comme de véritables philosophes les penseurs qui écrivent sur la religion. Ils passent pour ne pas traiter la philosophie proprement dite avec assez de soin, ni assez de vigueur, ni assez d’indépendance. Ce reproche est très souvent injuste. En tout cas, il ne peut être adressé à l’homme dont je parle. Rempli de foi religieuse et fortement incliné au mysticisme, Soloviev savait exposer les questions philosophiques d’après la méthode non seulement la plus éloquente, mais aussi la plus stricte. On en a eu la preuve maintes fois et même dès les débuts. La thèse par laquelle il conquit d’un coup sa première célébrité est une démonstration vaste, originale et rigoureuse. À vingt et un ans, Soloviev possédait la complète connaissance de la philosophie universelle ; et il pouvait exposer l’histoire des principaux systèmes, anciens ou modernes, occidentaux ou bouddhistes, en outre, critiquer, avec une élévation et une force admirables, des hommes tels que Spinoza, Kant, Schopenhauer, Comte,