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toute condamnation générale prononcée par Rome contre l’ensemble de l’Église russe. La séparation de ces deux Églises, disait-il, n’existe qu’à l’état de fait ; et ce fait résulte, non pas d’un conflit de doctrines, mais d’un amas de préjugés.

Donc Soloviev, attaché à l’intégralité des doctrines romaines, y compris les décrets du concile du Vatican tenu en 1869-1870 ; y compris, par conséquent, le dogme de l’infaillibilité pontificale, professait la foi catholique doctrinale et conservait ses liens d’origine avec l’Église russe.

Bien singulière en apparence était la situation du grand philosophe. D’autant plus singulière encore que, généralement, des deux côtés on ne se rendait pas compte de la véritable raison pour laquelle il s’y maintenait.

Des catholiques russes s’offraient à solliciter pour lui et à lui faire obtenir la permission de vivre secrètement en catholique. Mais il n’avait nul besoin du secret ; et il n’en voulait pas : le catholicisme, il le professait tout haut, bravant les préjugés de la foule et l’hostilité de l’administration.

Quant à rompre avec son Église russe, il s’y refusait en raison des trois motifs suivants. Il