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Avec prudence, il essaya d’ouvrir une porte, puis une seconde. À la troisième qui lui résista, il comprit que sa méthode empirique n’était pas assez discrète. Il prit dès lors le parti de continuer sa promenade. Vers le matin, il s’aperçut qu’une des portes devant lesquelles il avait passé cent fois était entrebâillée ; et de certains signes lui révélèrent qu’il était enfin arrivé chez lui. Au déjeuner, l’aventure défraya la conversation. Et, comme Strossmayer le plaisantait doucement, il lui répondit de sa voix posée et profonde : « Que de fois, à la recherche du vrai, ou dans l’incertitude de la détermination morale à prendre, il nous arrive d’hésiter devant une porte que nous croyons bien close et que nous n’avons qu’à pousser ! »

Incliné vers Rome et ferme à défendre les droits supérieurs de la Papauté, il restait néanmoins, de cœur et d’âme, et aussi pour la pratique des sacrements, attaché à l’Église russe, qui, elle, demeure séparée du Pape. N’était-ce pas une contradiction positive et flagrante ? Aux yeux de Soloviev, non. Il invoquait surtout deux arguments : l° la validité des ordinations sacerdotales conférées par l’Église russe, validité que Rome a toujours reconnue ; 2° l’absence de