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l’avaient pas suivi. Il comptait avoir bientôt des lettres. Deux jours après, il m’envoyait le Novoë Vremia, qui justifiait notre angoisse en nous apportant la désolation : « Skontchalsia Vladimir Soloviev ! Vladimir Soloviev est mort ! »

Il avait quarante-sept ans et demi.

Le 15-28 juillet, en route pour aller voir sa vieille mère, Soloviev avait manifesté un affaiblissement brusque. Installé chez son ami le prince Serge Troubetzkoï, à Ouskoië (où venait de le conduire M. Davydov), il vit ses forces s’épuiser rapidement malgré les soins les plus empressés. Les poumons, le cœur, le foie étaient atteints. Bientôt, se rendant compte que nul remède ne serait efficace, il fit appeler le prêtre, se confessa et reçut la communion. Il gardait sa connaissance, calme, recueilli, confiant. On l’entendait prier avec ardeur. Puis, vinrent des accès de délire, pendant lesquels il parlait français, allemand, anglais, hébreu. Ayant repris sa lucidité, il adressa aux personnes qui l’entouraient cette recommandation imprévue : « Empêchez-moi de dormir et faites-moi prier pour le peuple juif. Je dois prier pour lui, beaucoup » ; et il se mit à lire un psaume en hébreu. Le rôle historique, moral et politique