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ses sœurs[1], les ayant maintes fois entendus, a recueillis dans une tendre et charmante notice familiale : « En présence de votre frère on devenait meilleur ; la bassesse de pensée ou de sentiment avait honte devant lui. »

Il inspirait la plus vive affection même à des gens qui ne partageaient rien de ses opinions philosophiques ni de sa foi religieuse. Quand il mourut (31 juillet 1900, le 13 août de notre calendrier), j’étais sans nouvelles de lui depuis assez longtemps. En voyage, sur le quai d’une gare, je rencontrai un Russe que je voyais parfois à Paris, esprit distingué, très lettré, excellent homme, libre penseur radical. Je lui demandai s’il avait récemment entendu parler de notre grand ami. Il me répondit d’abord par un geste tout découragé, puis par ces mots prononcés d’une voix tremblante, avec des larmes dans les yeux : – « Vous ne savez pas ?… Hélas ! Il est très malade… peut-être mourant… peut-être… » Nous étions tous deux consternés. Il m’expliqua que ses journaux ne

  1. Mme de Bezobrazov. Une autre sœur de Vladimir Soloviev est, sous le pseudonyme Allegro, un écrivain distingué. Le frère aîné, Vsevolod, a obtenu la célébrité comme romancier. Un autre frère était un professeur d’histoire très estimé.