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au fond. Et tout le sens du drame est là. Aussi, je retire ma déclaration de tout à l’heure, quand je disais : « On n’explique pas l’Antéchrist rien qu’avec des proverbes. » Pour l’expliquer entièrement, il suffit d’un seul proverbe, qui est d’ailleurs d’une extrême simplicité : « Tout ce qui brille n’est pas or. » Le bien frelaté qui a perdu son éclat n’a plus aucune valeur essentielle.

LE GÉNÉRAL. – Mais remarquez aussi, dans ce drame historique, sur quoi tombe le rideau : sur la guerre, sur la rencontre de deux armées ! Ainsi, la fin de notre conversation en a rejoint le commencement. Que dites-vous de cela, Prince ?… Tiens !… Mais, où est-il donc le Prince ?

L’HOMME POLITIQUE. – Est-ce que vous n’avez pas vu ? Il s’est retiré sans bruit, pendant le moment pathétique : lorsque le père Jean mettait l’Antéchrist au pied du mur. Alors, je n’ai pas voulu interrompre la narration ; et ensuite je n’y ai plus pensé.

LE GÉNÉRAL. – Il s’est enfui, ma parole !… il s’est enfui, et pour la seconde fois. Il s’était dominé, mais, tout de même, il n’a pu supporter ce vin-là. Hélas ! mon Dieu !