Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/324

Cette page n’a pas encore été corrigée

tombe. En effet, la communication entre les morts et les vivants, comme aussi entre les hommes et les démons, devint un phénomène habituel ; et l’on vit se développer des formes nouvelles, inouïes, de débauche mystique et démoniaque. Mais aussitôt que l’empereur se crut solidement établi dans le domaine religieux et que, sous la pressante inspiration de la mystérieuse voix « paternelle », il se fut déclaré l’unique et véritable incarnation de la divinité suprême et universelle, – alors lui advint un nouveau malheur, du côté d’où personne ne prévoyait rien de tel : la révolte des Juifs. Ce peuple, dont les membres atteignaient maintenant le chiffre de trente millions, n’avait pas été tout à fait étranger aux préliminaires et à l’affermissement des universels succès du sur-homme. L’empereur, en venant s’installer à Jérusalem, avait secrètement entretenu dans les milieux juifs la rumeur que son principal dessein était d’établir sur toute la terre la domination d’Israël ; pour cette raison, les juifs l’avaient reconnu comme le Messie et lui avaient témoigné un dévouement enthousiaste et sans bornes. Et tout à coup, ils se révoltaient, respirant la colère et la vengeance. Cette révolution, sans aucun doute prédite dans la tradition et dans l’Écriture, a été représentée par le père Pansophii peut-être avec trop de simplicité et de réalisme. En somme, les Juifs, qui considéraient l’empereur comme un véritable et parfait Israélite, auraient par hasard découvert qu’il n’était même pas circoncis. Ce jour-là, tout Jérusalem et le lendemain toute la Palestine se révoltaient. L’absolu et ardent dévouement au sauveur d’Israël, au Messie