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nocturne fit place à une splendeur lumineuse, et dans le ciel le grand signe apparut : une femme revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Le signe demeura quelque temps au même endroit, puis, lentement, s’achemina vers le sud. Levant sa crosse, le pape Pierre s’écria : « Voilà notre étendard ! Suivons-le ! » Et, accompagné par les deux vieillards, ainsi que par toute la foule des chrétiens, il s’engagea dans la voie marquée par l’apparition, vers la montagne de Dieu, vers le Sinaï…

(Ici le lecteur s’arrête.)

LA DAME. – Pourquoi donc ne continuez-vous pas ?

M. Z… – C’est le manuscrit qui ne continue pas. Le père Pansophii n’a pu terminer sa narration. Étant déjà malade, il m’a raconté ce qu’il se proposait d’écrire ensuite – « quand je serai guéri », disait-il. Mais il ne put guérir ; et la fin de sa narration fut ensevelie avec lui dans le monastère Danilov.

LA DAME. – Mais, sans doute, vous vous rappelez ce qu’il vous a dit. Alors, racontez-le.

M. Z… – Je me rappelle seulement les grandes lignes. Après que les chefs spirituels et les représentants de la chrétienté se furent éloignés dans le désert de l’Arabie, où, de toutes les directions, affluèrent vers eux des foules de fidèles zélateurs de la vérité, Apollonius put librement pervertir par ses prodiges et par ses miracles tous les chrétiens superficiels, qui n’étaient pas désillusionnés sur l’Antéchrist. Il déclara que, par la puissance de ses clefs, il avait ouvert les portes entre la vie terrestre et la vie d’outre-