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autour de Kharam-ech-Chérif. À la tombée de la nuit, l’empereur, avec le nouveau pape, s’était montré sur le perron oriental, provoquant une « tempête d’enthousiasme ». Il salua aimablement toute l’assistance. Alors, Apollonius, puisant dans de grandes corbeilles que lui présentaient les cardinaux diacres, lança en l’air, continuellement, de magnifiques chandelles romaines, des fusées, des fontaines de feu, qui, enflammées au contact de ses mains, devenaient, tantôt des perles aux lueurs phosphoriques, tantôt des arcs-en-ciel. Tout cela sur le sol se transformait en innombrables feuilles de papier de diverses couleurs et chargées d’indulgences plénières pour tous les péchés passés, présents et à venir. La joie populaire était sans bornes. Certains, il est vrai, affirmaient avoir vu ces feuilles d’indulgence métamorphosées en crapauds et en serpents hideux. Néanmoins, la grande majorité du peuple s’abandonnait à l’enthousiasme. Les fêtes durèrent encore plusieurs jours, pendant lesquels le nouveau pape thaumaturge accomplit des prodiges si extraordinaires et si incroyables que le récit en serait complètement inutile.

Pendant ce temps-là, sur les hautes solitudes de Jéricho, les chrétiens se livraient au jeûne et à la prière. Le soir du quatrième jour, quand la nuit commençait, le professeur Pauli et neuf compagnons, montés sur des ânes et amenant un chariot, pénétrèrent dans Jérusalem. Là, par des rues détournées, passant près de Kharam-ech-Cherif, ils gagnèrent Kharet-en-Nazara et atteignirent l’entrée du temple de la Résurrection, où, sur le pavé, gisaient les corps du