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cour, tous les membres du concile avaient été convoqués dans l’immense chambre du trône (près de l’emplacement supposé du trône de Salomon). Là, s’adressant aux représentants de la hiérarchie catholique, l’empereur avait déclaré que le bien de l’Église exigeait, évidemment, l’immédiate élection d’un digne successeur de l’apôtre Pierre ; que, dans les circonstances actuelles, l’élection devait s’accomplir d’une façon sommaire ; que la présence de l’empereur, chef et représentant du monde chrétien tout entier, compensait abondamment l’omission des formalités rituelles ; et qu’au nom de tous les chrétiens, il proposait au Sacré-Collège d’élire son ami et frère bien-aimé Apollonius, afin que le lien étroit qui existait entre eux rendit durable et indestructible l’union de l’Église et de l’État, pour le bien commun de tous. Le Sacré-Collège se retira dans une chambre spéciale pour tenir le conclave et, une heure et demie après, revint avec le nouveau pape, Apollonius.

Pendant que l’on procédait à l’élection, l’empereur, avec douceur, sagesse, éloquence, avait engagé les représentants des protestants et des orthodoxes à mettre définitivement de côté les vieilles contestations, en vue d’une ère historique nouvelle et grande ; et il avait donné sa parole qu’Apollonius saurait abolir pour toujours tous les abus historiques du pouvoir papal. Persuadés par ce discours, les représentants de l’orthodoxie et du protestantisme avaient dressé l’acte d’union des Églises. Quand Apollonius et les cardinaux parurent au milieu des cris de joie de toute l’assemblée, un évêque grec et un pasteur évangélique