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Dieu, pour toujours je t’exclus de la cité divine, chien hideux, et je te livre à ton père Satan. Anathème, anathème, anathème ! » Pendant que le pape parlait, le grand mage, avec inquiétude, s’agitait sous son manteau. Plus retentissante que le dernier anathème, la foudre éclata ; et le dernier pape tomba par terre, inanimé. « Ainsi, par les mains de mon Père, périssent tous mes ennemis », dit l’empereur. « Pereant, pereant ! » crièrent en tremblant les princes de l’Église. Il se retourna ensuite, lentement, appuyé sur l’épaule du grand mage et, suivi de la foule de ses fidèles, il sortit par la porte qui se trouvait derrière l’estrade. Il n’y avait plus dans le temple que les deux morts et un cercle étroit de gens à demi morts de crainte. Seul, le professeur Pauli restait maître de soi. L’horreur commune semblait stimuler toutes les forces de son esprit. Il avait même changé à l’extérieur – et avait pris un air majestueux et inspiré. D’un pas résolu, il monta sur l’estrade. S’asseyant à une des places que les secrétaires d’État avaient laissées vides, il prit une feuille de papier et se mit à écrire. Après quoi, debout et d’une voix forte, il lut ce qui suit : « À la gloire de notre unique Sauveur Jésus-Christ. Le Concile oecuménique des Églises de Dieu réuni à Jérusalem – notre bienheureux frère Jean, représentant de la chrétienté orientale, ayant convaincu le grand imposteur ennemi de Dieu d’être le propre Antéchrist prédit dans l’Écriture ; et notre bienheureux père Pierre, représentant de la chrétienté occidentale, l’ayant légitimement et régulièrement, pour toujours, excommunié de