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aux personnages de la cour, aux secrétaires d’État ; sur les côtés, de plus longues rangées de fauteuils, dont on ignorait la destination. Des orchestres étaient disposés dans les tribunes. Deux régiments de la garde se tenaient sur la place voisine ; ainsi qu’une batterie, pour les salves solennelles. Dans les églises diverses, des cérémonies religieuses avaient été célébrées par les membres du concile, dont l’ouverture devait avoir un caractère entièrement laïque. Quand l’empereur fit son entrée, accompagné du grand mage et de sa suite, l’orchestre se mit à jouer la « Marche de l’humanité unie » qui servait d’hymne impérial et international ; et les membres du concile, agitant leurs chapeaux, crièrent à trois reprises, à pleine voix : « Vivat ! Hourra ! hoch ! » Debout près du trône et les bras étendus avec une affabilité majestueuse, l’empereur, d’une voix sonore et agréable, prononça les paroles suivantes : « Chrétiens de toutes les croyances ! Mes sujets et mes frères bien-aimés ! Dès le début de mon règne, que l’Être suprême a béni par des œuvres si merveilleuses et si glorieuses, je n’ai pas eu une seule occasion de me plaindre de vous. Toujours, vous avez rempli votre devoir selon votre foi et selon votre conscience. Mais cela ne me suffit pas. L’amour sincère que je ressens pour vous, frères bien-aimés, a soif d’être payé de retour. Je veux que, non point par esprit de devoir, mais par l’effet de l’amour venant du cœur, vous me reconnaissiez pour votre chef, en tout ce qui est entrepris au profit du genre humain. Aussi, outre ce que je fais dans l’intérêt de tous, je voudrais vous témoigner des bontés particulières. Chrétiens,