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revanche, elle goûtait la joie d’être unie à la meilleure partie des Vieux-Croyants et même à beaucoup de sectes animées d’un esprit religieux positif. Sans grandir en nombre, cette Église rénovée développait sa force spirituelle, qu’elle manifestait surtout dans sa lutte intérieure avec les sectes extrêmes multipliées parmi le peuple et parmi la société, et non exemptes d’un élément démoniaque et satanique.

Pendant les deux premières années de la nouvelle domination, tous les chrétiens, à la fois effrayés et fatigués par les révolutions et par les guerres précédentes, témoignaient envers le nouveau souverain et envers ses pacifiques réformes, tantôt une réserve bienveillante, tantôt une sympathie résolue ou même un vif enthousiasme. Mais la troisième année, à l’apparition du grand mage, beaucoup de pravoslaves, de catholiques et de protestants commencèrent à éprouver de la crainte et de l’antipathie. On se mit à lire plus attentivement et à commenter avec animation les textes évangéliques et apostoliques qui parlent du Prince de ce monde et de l’Antéchrist. Prévoyant, à certains symptômes, qu’un orage se préparait, l’empereur décida de prendre les devants pour le détourner. Dès le commencement de la quatrième année de son règne, il publia un manifeste adressé aux chrétiens fidèles de toute confession, les invitant à élire ou à désigner des représentants avec pleins pouvoirs, en vue d’un concile oecuménique qu’il présiderait. La résidence de l’empereur avait été transférée de Rome à Jérusalem. Alors, la Palestine était une province autonome, principalement habitée et