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dans cette ville ni dans l’intérieur du pays. En Russie, la Papauté s’était notablement simplifiée. Sans modifier essentiellement ses collèges et son administration, elle avait dû spiritualiser leur caractère et leur rôle, et aussi réduire à l’extrême minimum la pompe de ses rites et de ses cérémonies. Beaucoup de coutumes étranges et scandaleuses, qui n’avaient pas été abolies formellement, disparurent d’elles–mêmes. Dans tous les autres pays, principalement dans l’Amérique du Nord, la hiérarchie catholique était encore très souvent représentée par des hommes qui possédaient une volonté forte, nue infatigable énergie et une situation indépendante ; encore plus fortement qu’autrefois ils resserraient l’unité de l’Église Catholique et lui conservaient son caractère international cosmopolite. Le protestantisme, à la tête duquel l’Allemagne continuait de se tenir, surtout depuis qu’une importante partie de l’Église Anglicane s’était réunie à l’Église Catholique – le protestantisme s’était débarrassé de ses extrêmes tendances négatrices, dont les représentants avaient ouvertement passé à l’indifférentisme religieux et à l’incrédulité. Dans l’Église Évangélique il ne restait que des croyants sincères, au premier rang desquels figuraient des hommes d’une large culture et d’une profonde religiosité, de plus en plus désireux de reproduire en eux-mêmes le vivant modèle du christianisme primitif. L’orthodoxie russe, ayant vu la situation officielle de l’Église changée par les événements politiques, avait perdu des millions et des millions de ses prétendus fidèles qui ne lui appartenaient que de nom ; mais, en