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des titres somptueux et fait de lui son compagnon de chaque moment. De la sorte, les peuples de la terre, comblés de bienfaits par leur maître, obtiennent encore, outre la paix universelle et le plein rassasiement, la possibilité de jouir constamment de merveilles et d’apparitions les plus variées et les plus surprenantes. Ainsi se termine la troisième année du règne du sur-homme.

Après l’heureuse solution du problème politique et social se présentait la question religieuse. L’empereur la posa lui-même, l’envisageant avant tout dans ses rapports avec le christianisme. Voici quelle était à cette époque la situation du christianisme. Malgré une très grande diminution du nombre des fidèles – alors, sur toute la terre, il ne restait pas plus de 45 millions de chrétiens –, elle s’était élevée et étendue moralement, et elle avait gagné en qualité ce qu’elle avait perdu en nombre. On ne voyait plus guère de chrétiens pour qui le christianisme fût sans intérêt spirituel. Les diverses confessions religieuses avaient, au point de vue du nombre de leurs fidèles, subi un amoindrissement analogue ; de sorte qu’à cet égard subsistait entre elles la même proportion qu’autrefois. Quant à leurs sentiments réciproques, si la haine n’avait pas été remplacée par une parfaite concorde, elle s’était cependant assez adoucie ; et les oppositions perdaient leur ancienne aigreur. La Papauté avait depuis longtemps été expulsée de Rome ; et, après avoir été réduite à vagabonder pendant une longue période, elle avait trouvé un asile à Pétersbourg, sous la condition de ne point faire de propagande