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l’Europe, et principalement en Amérique, se formèrent de puissants partis impérialistes, qui contraignirent leurs gouvernements de faire alliance, de diverses manières, avec les États-Unis d’Europe, sous l’autorité suprême de l’empereur romain. Çà et là, en Asie et en Afrique, il y avait encore des peuples et des monarques indépendants. Avec une armée peu nombreuse, mais une armée d’élite, formée de contingents russes, allemands, polonais, hongrois et turcs, l’empereur exécute une promenade militaire, depuis l’Asie orientale jusqu’au Maroc ; et, sans grande effusion de sang, impose son autorité à tous ces insoumis. Dans toutes les contrées des deux parties du monde, il institue ses vice-rois, choisis parmi les grands indigènes qui lui sont dévoués et qui ont reçu la culture de l’Europe. Dans tous les pays païens, la population, impressionnée et séduite, fait de lui une divinité supérieure. Un an suffit pour fonder la monarchie universelle, dans le sens exact et propre du mot. Les prétextes de guerre sont arrachés jusqu’à la racine. La ligue universelle de la paix se réunit pour la dernière fois, prononce l’enthousiaste panégyrique du fondateur de la paix, et puis se dissout, n’ayant plus sa raison d’être. Dans la deuxième année de son gouvernement, l’empereur romain universel publie un nouveau manifeste : « Peuples de la terre ! La paix que je vous avais promise, je vous l’ai donnée. Mais c’est seulement par la prospérité qu’elle est belle. Celui qui, dans la paix, est menacé par les calamités de la détresse n’a qu’une paix sans joie. Venez donc maintenant à moi vous tous qui avez faim