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d’hommes de catégories différentes avaient des droits égaux à le considérer comme leur fils. Naturellement, ces circonstances ne pouvaient lui nuire d’aucune façon dans un siècle assez avancé pour se dénommer lui-même le dernier siècle. Par la presque unanimité des suffrages, « l’homme qui vient » fut élu président à vie des États-Unis d’Europe. Lorsque, dans tout l’éclat surhumain de sa jeune beauté et de sa puissance, il parut à la tribune et, avec une éloquence inspirée, présenta son programme universel, l’assemblée, séduite et transportée, décida, dans un élan d’enthousiasme spontané, de lui conférer l’honneur suprême : le titre d’empereur romain. Le Congrès fut clôturé au milieu de l’allégresse générale ; et le grand élu publia un manifeste qui commençait par ces mots : « Peuples de la terre ! Je vous donne ma paix ! » et qui se terminait ainsi :

« Peuples de la terre ! Les promesses se sont accomplies ! La paix universelle et éternelle est assurée. Toute tentative pour la troubler rencontrera aussitôt une résistance invincible. Car, désormais, il y a sur la terre une autorité centrale plus forte que toutes les autres autorités, soit séparées, soit prises ensemble. Cette puissance que rien ne peut vaincre et qui domine tout m’appartient à moi, l’élu, le plénipotentiaire de l’Europe, l’Empereur de toutes ses forces. Le droit international possède maintenant la sanction qui jusqu’ici lui manquait. Désormais, aucun État ne se permettra de dire : « La guerre ! », quand je dirai « La paix ! – Peuples du monde, à vous la paix ! » Ce manifeste produisit l’effet désiré. Partout, hors de