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à la délivrance du joug mongol et qui avaient modifié considérablement la carte de l’Europe, cette Union se trouvait exposée au danger d’un conflit – non plus alors entre les nations mais entre les partis politiques et sociaux. Les directeurs de la politique générale européenne, qui appartenaient à la puissante confrérie des Francs-Maçons, discernaient la nécessité d’une autorité générale exécutive. Réalisée au prix de tant d’efforts, l’Union européenne risquait continuellement de se dissoudre. Dans le Conseil de l’Union, ou tribunal universel (Comité permanent universel) [1], l’unité faisait défaut ; car les vrais Maçons consacrés à l’œuvre n’avaient pu s’emparer de toutes les places. Dans le sein du Comité, les membres indépendants formaient entre eux des ententes séparées ; et une guerre était en perspective. C’est pourquoi les affiliés décidèrent de confier le pouvoir exécutif à une seule personne, munie de la pleine autorité nécessaire. Le principal candidat membre secret de l’Ordre, était « l’homme qui vient ». Il était l’unique personnalité qui possédât la grande réputation universelle. On l’avait connu d’abord savant officier d’artillerie ; puis il était devenu un riche capitaliste ; ce qui lui avait permis de nouer partout des relations amicales avec des gens de la finance et de l’armée. En d’autres temps moins civilisés, on lui aurait reproché une origine couverte d’un épais nuage d’incertitude. Sa mère, personne de mœurs faciles, était bien connue dans les deux hémisphères ; mais beaucoup

  1. En français. (N. d. t.)