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intégrale. Là, tout le passé est traité avec tant de justice, tout le présent apprécié avec tant d’impartialité et de largeur, et le meilleur avenir rapproché du présent d’une manière si visible et si palpable, que chacun dit : Voilà vraiment ce qu’il nous faut ; voilà un idéal qui n’est pas une utopie ; voilà un projet qui n’est pas une chimère. » Et le merveilleux écrivain non seulement entraîne tout le monde, mais chacun le trouve agréable ; et, de la sorte, s’accomplit la parole du Christ :

« Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne m’accueillez pas ; un autre viendra en son propre nom et celui-là vous l’accueillerez. » C’est que, pour être accueilli, il faut être agréable.

Cependant, quelques hommes pieux, tout en louant beaucoup ce livre, demandent pourquoi le Christ n’y est pas une seule fois mentionné. À cela d’autres chrétiens répondent : « Dieu en soit loué ! Dans les siècles écoulés, toutes les choses saintes ont bien été suffisamment froissées et salies par les zélateurs sans mission. Désormais, l’écrivain profondément religieux doit être très circonspect. Et dès que le contenu du livre est pénétré du véritable esprit chrétien de l’amour actif et de l’universelle bienveillance, que vous faut-il de plus ? » Cette réponse met tout le monde d’accord.

Peu de temps après la publication du « Chemin ouvert », qui rendit son auteur le plus populaire des hommes dans l’histoire du monde, devait se tenir à Berlin l’assemblée internationale constituante de l’Union des États européens. Établie après une série de guerres extérieures et intérieures, qui se rapportaient