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manière brillante. Au moment fixé, commence le massacre des soldats mongols ; les ouvriers asiatiques sont tuée ou expulsés. Partout se dévoilent les cadres jusque-là dissimulés des armées européennes, dont la mobilisation générale s’accomplit selon le plan le plus détaillé, tracé longtemps à l’avance. Le nouvel empereur, petit-fils du grand conquérant, quitte la Chine pour gagner en hâte la Russie ; mais, là, ses troupes innombrables sont complètement défaites par l’armée de l’Europe entière coalisée. Leurs débris dispersés retournent dans les profondeurs de l’Asie. L’Europe est délivrée. Son assujettissement d’un demi-siècle aux barbares d’Asie avait été la conséquence de la désunion des États, occupés seulement de leurs propres intérêts nationaux : au contraire, sa grande et glorieuse délivrance est le résultat de l’organisation internationale où se sont unies les forces de tous les peuples européens. Alors, ce fait éclatant produit sa conséquence naturelle : l’antique loi de la coexistence de peuples séparés est discréditée partout ; et presque partout s’écroulent les derniers restes des vieillies institutions monarchiques. Au vingt et unième siècle, l’Europe représente une union d’États plus ou moins démocratiques : les États-Unis d’Europe. Les progrès de la culture extérieure, retardés un moment par l’invasion mongole et par les nécessités de la lutte libératrice, prennent de nouveau une allure accélérée. Mais les problèmes de la conscience intime — le sens de la vie et de la mort, la destinée finale du monde et de l’homme — compliqués et embrouillés par une multitude de recherches et de découvertes nouvelles, physiologiques