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dans des luttes acharnées et désespérées. Les Mongols paient un prix élevé cette victoire ; mais ils n’ont pas de peine à réparer leurs pertes, en s’emparant de tous les chemins de fer de l’Asie, pendant qu’une armée russe de deux cent mille hommes, depuis longtemps rassemblée à la frontière de Mandchourie, s’efforce sans succès d’envahir la Chine bien défendue. Laissant une partie de ses forces en Russie, afin d’y empêcher la formation de nouveaux contingents, et aussi afin de poursuivre les détachements de plus en plus nombreux de partisans, l’empereur amène trois armées en Allemagne. Là, on avait su préparer la résistance ; aussi, l’une des armées mongoles est-elle battue à plate couture. Alors, en France, le parti attardé de la revanche prend le dessus ; et bientôt un million de baïonnettes ennemies se dressent derrière les Allemands. Placée entre le marteau et l’enclume, l’armée allemande n’a d’autre ressource que d’accepter les conditions, honorables, dans lesquelles l’Empereur lui propose le désarmement. Tout à la joie, les Français fraternisent avec les Jaunes, se répandent à travers l’Allemagne et perdent rapidement toute notion de discipline militaire ; l’Empereur mongol ordonne à ses troupes d’égorger les plus inutiles de ses alliés ; et la mesure est exécutée avec la ponctualité chinoise. À Paris, les ouvriers sans patrie[1] se soulèvent ; la capitale de la culture occidentale ouvre joyeusement ses portes au maître de l’Orient. Celui-ci, ayant satisfait sa curiosité, se dirige

  1. En français. (N. d. t.)