Page:Soloviev - Trois entretiens sur la guerre, la morale et la religion, trad Tavernier, 1916.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.


COURTE RELATION SUR L’ANTÉCHRIST


Panmongolisme ! Quoique sauvage,
Le mot me caresse l’oreille,
Comme s’il était rempli par le présage
D’un grand décret de la divine Providence.


LA DAME. – D’où vient cette épigraphe ?

M. Z… – Je pense qu’elle a été composée par l’auteur même de la narration.

LA DAME. – Bien. Lisez.

M. Z… (lisant). – « Le vingtième siècle après la naissance du Christ fut l’époque des dernières grandes guerres, discordes civiles et révolutions. La principale des guerres extérieures eut pour cause éloignée le mouvement intellectuel que l’on avait vu surgir au Japon vers la fin du dix-neuvième siècle et qui s’appelait panmongolisme. Imitateurs, les Japonais ayant, avec une rapidité et une réussite surprenantes, copié les formes de la culture européenne, s’approprièrent aussi quelques idées européennes d’ordre inférieur. Ayant, par les journaux et par les manuels d’histoire, appris l’existence en Europe du panhellénisme, du pangermanisme, du panslavisme, du panislamisme, ils proclamèrent la grande idée du panmongolisme, c’est-à-dire l’union d’ensemble, sous leur suprématie, de tous les peuples de l’Asie orientale, en vue d’une