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M. Z… – Je suis certain, Prince, que dans voire erreur sincère, vous confondez le vrai Dieu avec un adroit imposteur. L’adresse de l’imposteur est pour vous la circonstance la plus atténuante. Moi-même, je n’ai pas analysé tout d’un coup ce qu’il y a là au juste ; mais aucun doute ne me reste ; et vous saisissez avec quel sentiment je dois observer ce que je considère comme un masque trompeur et séducteur…

LA DAME. – Cela, sachez-le, est une offense.

LE PRINCE. – Je vous assure que je ne me trouve nullement offensé. En somme, on a posé une question générale et assez intéressante ; et il me semble bizarre que mon interlocuteur, apparemment, imagine qu’elle ne peut s’adresser qu’à moi seul et non pas aussi à lui. Vous réclamez de moi que je vous montre les propres bonnes actions que mon maître a faites et qui témoignent qu’il est le principe du bien et non du mal. Mais vous, quelles bonnes actions de votre maître m’indiquez-vous que je ne puisse attribuer à moi-même ?

LE GÉNÉRAL. – Mais déjà on a indiqué un fait par lequel tout le reste est soutenu.

LE PRINCE. – Lequel ? Exactement.

M. Z… – La réelle victoire sur le mal, dans la résurrection réelle. C’est seulement par elle que, je le répète, est révélé le réel royaume de Dieu. Sans elle, il n’y a que le royaume de la mort et du péché et de leur auteur, le démon. La résurrection – non pas seulement dans son sens figuré, mais dans son sens véritable – voilà le titre du vrai Dieu.

LE PRINCE. – Oui, s’il vous plaît de croire à une