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rien, parce que, même pendant le mauvais temps, on peut louer Dieu et se sentir dans Son royaume. Comme il est dit dans l’Écriture, les morts ne louent pas Dieu. C’est pourquoi, ainsi que Son Excellence l’a remarqué, ce triste monde serait plus convenablement appelé le royaume de la mort que le Royaume de Dieu.

LA DAME. – Allons ! vous voilà engagés dans une discussion qui roule tout entière sur des noms. C’est ennuyeux ! Est-ce de noms qu’il s’agit ? Vous feriez bien mieux, Prince, de nous dire de quelle façon, vous, à proprement parler, vous entendez le Royaume de Dieu et Sa vérité.

LE PRINCE. – J’entends une situation où les gens agissent avec une conscience pure et accomplissent de cette manière la volonté divine, qui ne leur prescrit que le bien pur.

M. Z… – Mais, en outre, suivant vous, la voix de la conscience ne parle infailliblement que de l’accomplissement du devoir, maintenant et ici ?

LE PRINCE. – Cela va de soi.

M. Z… – Eh bien ! est-ce que votre conscience reste tout à fait muette au sujet des fautes dont peut-être, quand vous étiez plus jeune, vous vous êtes rendu coupable envers des personnes mortes depuis longtemps ?

LE PRINCE. – Alors, le sens de ces souvenirs est que, maintenant, je ne dois rien faire de pareil.

M. Z… – Ce n’est pas tout à fait ainsi ; mais il n’y a pas lieu de discuter là-dessus. Je veux seulement vous rappeler une autre limite, plus certaine, du rôle