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nous, maintenant ? Certes, la mort est un phénomène intéressant ; on peut, si vous voulez, l’appeler une loi, comme phénomène constant parmi les substances terrestres, inévitable pour chacune d’elles. Vous pouvez en parler comme d’une loi absolue, puisque, jusqu’ici, on n’a pu, authentiquement, y constater une seule exception. Mais quelle essentielle et vitale importance cela peut-il avoir pour la vraie doctrine chrétienne, qui, par notre conscience, nous parle seulement de ce que nous devons et de ce que nous ne devons pas faire ici et maintenant ? Évidemment, la voix de la conscience ne concerne que les choses qu’il est en notre pouvoir de faire. Aussi, non seulement la conscience ne nous dit rien sur la mort ; mais même elle ne peut rien nous en dire. La mort, malgré sa grandeur colossale par rapport à nos sentiments et à nos désirs humains et terrestres, la mort est en dehors de notre volonté ; et c’est pourquoi elle ne peut avoir à nos yeux aucune importance morale. Sous ce rapport, – le seul donc qui ait une importance actuelle – la mort est un fait indifférent, comme le mauvais temps, par exemple. Parce que je reconnais l’inévitable et périodique existence du mauvais temps et que j’en souffre plus ou moins, est-ce un motif pour dire, au lieu du Royaume de Dieu, le royaume du mauvais temps ?

M. Z… – Non ; et d’abord, parce que le mauvais temps règne seulement à Pétersbourg, et parce que nous nous moquons de son empire, pendant que nous voilà réunis avec vous sur les bords de la Méditerranée. – Ensuite, votre comparaison ne vaut