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réformés – un seul aboutissement : la mort. D’après quelle méthode pourrait-on faire grand cas des victoires morales remportées par le bien socratique sur les microbes moraux des mauvaises passions dans son sein et sur les microbes sociaux des places publiques d’Athènes, si les vrais vainqueurs se trouvaient être encore les plus mauvais, les plus inférieurs, les puis grossiers microbes de la décomposition physique ? Alors, pour nous protéger contre l’extrême pessimisme et contre le désespoir, la littérature morale ne nous servirait de rien.

L’HOMME POLITIQUE. – Nous avons déjà entendu cela. Mais vous, sur quoi vous appuyez-vous pour combattre le désespoir ?

M. Z… – Nous n’avons qu’un appui : la résurrection réelle. Nous savons que la lutte du bien et du mal ne se produit pas seulement dans l’âme et dans la société, mais aussi, et plus profondément, dans le monde physique. Déjà, nous connaissons dans le passé une victoire du bon principe de la vie, par une résurrection personnelle. Et nous attendons de futures victoires par la résurrection collective de tous. Là, alors, le mal prend sa signification ou reçoit la définitive explication de son existence, parce qu’il sert tout entier au triomphe de plus en plus grand, à la réalisation et à l’accroissement du bien. Si la mort est plus forte que la vie mortelle, alors la résurrection dans la vie éternelle est plus forte que l’une et l’autre. Le règne de Dieu est le règne de la vie qui triomphe par la résurrection, et dans laquelle réside le bien effectif, réalisé, final. Là est toute la puissance et