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gens, ne perdions pas le fil à travers toutes ces variations. Tantôt, nous apprenons que la substance principale est dans le sermon sur la montagne ; tantôt, subitement, on nous dit qu’il faut avant tout, à la sueur de son front, pratiquer l’agriculture – quoique cela ne soit pas dans l’Évangile, mais dans la Genèse, là où il y a « enfanter dans la douleur » ; – mais, enfin, cela n’est pas un précepte, c’est seulement une triste destinée ; tantôt, on dit qu’il faut tout distribuer aux pauvres ; et ensuite ne rien donner, parce que l’argent est un mal ; que ce n’est pas bien de faire du mal aux autres, mais seulement à soi et à sa famille ; et à l’égard des autres il faut seulement travailler ; tantôt on nous dit de nouveau : ne rien faire, méditer seulement ; tantôt on nous dit : la vocation de la femme est d’engendrer le plus possible d’enfants bien portants ; et tout à coup il ne faut absolument plus rien de cela ; ensuite, ne pas manger de viande est le premier degré, mais pourquoi est-ce le premier, tout le monde l’ignore ; ensuite, on condamne la vodka et le tabac ; puis les blini ; ensuite le service militaire devient le plus grand mal, et s’y refuser est le principal devoir du chrétien, et l’homme qui n’est pas pris comme soldat, celui-là est saint. Peut-être que je dis des absurdités, mais ce n’est pas ma faute : il est absolument impossible de se débrouiller dans tout cela.

LE PRINCE. – Moi aussi, je pense que nous avons besoin d’un résumé explicatif de la vraie doctrine. Je suppose qu’on s’occupe de le composer.