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humanité mondaine dont parlait la parabole.

M. Z… – Mais de quoi, au juste, étaient-ils convaincus ?

LE PRINCE. – De ne point pratiquer la vraie doctrine.

L’HOMME POLITIQUE. – Il me semble que c’est clair : ces vauriens vivaient comme des champignons, pour leur propre joie, fumaient du tabac, buvaient de la vodka, mangeaient de la viande de boucherie et même en régalaient leur dieu ; d’ailleurs, ils se mariaient, présidaient des tribunaux et prenaient part aux guerres.

LA DAME. – Pensez-vous donc que plaisanter de la sorte convienne à votre âge et à votre situation ? – Prince, ne l’écoutez pas. Nous voulons parler avec vous sérieusement. Dites-moi ceci : donc, dans la parabole évangélique, en réalité, les vignerons se perdent parce qu’ils ont tué le fils héritier du maître – voilà, selon l’Évangile, la chose principale. – Pourquoi donc la laissez-vous de côté ?

LE PRINCE. – Parce que je néglige ce qui se rapporte à la destinée personnelle du Christ, laquelle, assurément, a son importance et son intérêt, mais cependant n’est pas essentielle à l’unique chose nécessaire.

LA DAME. – C’est-à-dire ?

LE PRINCE. – C’est-à-dire à l’observation de la doctrine évangélique, par laquelle on arrive à posséder le royaume de Dieu et sa vérité.

LA DAME. – Attendez une petite minute. Il y a dans ma tête quelque chose qui est embrouillé…